En observateur avisé de la F1, Alain Prost nous livre ses impressions avant le rendez-vous australien, ce week-end. Selon lui, Michelin fait pour le moment la différence alors Räikkönen est le plus sérieux rival d'Alonso en vue du titre.

Renault semble en état de grâce après son doublé en Malaisie. Cela peut-il durer ?
Comme on l’avait vu lors des essais hivernaux et comme cela s’est confirmé sur les deux premiers Grands Prix, ils ont bien maîtrisé le changement de règlement en terme de fiabilité. Quant à la stratégie, ils ont l’air aussi de bien contrôler la situation… Ils sont vraiment dans une période faste et souvent, en F1, dans ces moments là, la sérénité permet d’éviter les erreurs. Aujourd’hui, en performance pure, il semble que seuls McLaren et Räikkönen peuvent inquiéter Renault. Malgré cela, le Finlandais a eu un problème technique à Bahreïn et a été accroché en Malaisie mais il sera dangereux et il faudra s’en méfier. C’est celui qu’on a le moins vu depuis le début mais il apparaît tout de même comme le plus menaçant pour Renault malgré les points perdus depuis l’entame de la saison.

Fisichella ne peut-il pas lui aussi endosser le rôle de rival n°1 d’Alonso ?
Il n’y a bien entendu aucun doute sur le talent de pilote de l’Italien mais il est tout de même un ton en dessous d’Alonso. Sur un Grand Prix, comme en Malaisie, quand tout va bien et quand Alonso a un petit souci lors des essais, il peut être devant. Mais sur l’ensemble d’un Championnat, je pense qu’Alonso est supérieur. Néanmoins, c’est très bien que Renault ait réussi un doublé, d’abord pour le Championnat constructeurs, mais aussi pour redonner le moral à Fisichella qui avait perdu de sa superbe la saison dernière.

Potentiellement, le Grand Prix de Malaisie semblait très favorable aux Ferrari mais c’est Renault qui a réussi le doublé. Est-ce que Melbourne peut être le théâtre de la résurrection de la Scuderia ?
Il y a eu deux facteurs importants à Sepang. D’abord la fiabilité puisque Ferrari a du changer de moteur et donc reculer de dix places sur la grille. Dès lors, la course était finie pour Michael Schumacher et Felipe Massa. Malgré cela, ils étaient dans le coup mais sans plus. Ensuite, on s’attendait à ce que les pneus Bridgestone confirment la prestation du premier Grand Prix à Bahreïn mais ça n’a pas été le cas. Pour Toyota non plus d’ailleurs. En terme de performance pure, Michelin a repris un peu le dessus. Ce qui fait dire aussi que le résultat de Bahreïn (NDLR : M.Schumacher 2eme) était peut-être un fait isolé en raison d’un circuit sablonneux et des essais effectués cet hiver par Ferrari et Honda sur ce tracé. Il faut donc maintenant attendre ce Grand Prix d’Australie pour mieux définir les forces en présence au moins au niveau des pneumatiques.

Retouvez l'intégralité de cette interview sur le portail mobile Orange World, où Alain Prost livre ses impressions à l'occasion de chaque Grand-Prix.