Le choix du remplaçant d'Olivier Panis n'a pas dû être simple...
C'est vrai, cette décision n'a pas été facile à prendre, mais il fallait se décider et vite en fonction des essais effectués en milieu de semaine dernière à Magny-Cours, à quelques jours du Grand Prix de France dont les essais débutent ce vendredi. J'ai finalement choisi Jarno Trulli.

Selon quels critères?
Jarno a sept Grands Prix à son actif puisqu'il a débuté en Australie en mars dernier avec l'écurie Minardi. Il était donc immédiatement opérationnel, notamment sur le plan de la condition physique, ce qui constitue, bien sûr, un critère essentiel. En outre, il va très vite. A vingt-deux ans, il est vraiment très prometteur. Il s'est fait remarquer en karting, il a réussi en Formule 3 aussitôt après et, si on ne l'a pas encore bien remarqué en Formule l, c'est qu'il n'a pas disposé d'une auto des plus compétitives. La Minardi-Hart ne fait pas partie des meilleures du peloton. A mon avis, il est de la lignée des très bons pilotes. C'est une bonne recrue, à mon avis un futur grand.

Vous avez des projets à long terme avec lui?
Pourquoi pas... Il faut voir comment il va évoluer, comment il va se comporter avec un matériel plus compétitif, avec l'entourage, les sponsors, les médias... mais il s'est tout de suite adapté à l'auto et à l'équipe et c'est déjà positif. En deux jours, il a montré qu'il savait allier rapidité et régularité. Il sera des nôtres au moins jusqu'au retour d'Olivier. J'ai même pris avec lui une option pour la saison prochaine.

Ce choix laisse Emmanuel Collard sur la touche...
Je le sais bien, mais nous avons décidé en commun de ne prendre aucun risque. Emmanuel n'avait pas piloté une Formule 1 depuis neuf mois et était un peu juste physiquement. De plus, nous n'avions pas de véritable temps de référence avec lui puisqu'il est sorti de la piste jeudi matin. Du coup, nous n'avons pu tester avec lui ni les départs ni les ravitaillements. Ce n'aurait été bon pour personne que de débuter en improvisant de la sorte. Il doit bien sûr être déçu, mais faire ses débuts au Grand Prix de France avec une pression énorme et le risque de ne pas être au niveau sur la distance aurait été nuisible pour sa carrière. A ce jeu-là, je peux vous assurer qu'on se grille facilement les ailes. Et dans ce cas-là, en F 1, c'est souvent définitif. Mais je compte bien avoir l'opportunité de collaborer avec lui dans un avenir proche.

Quelles nouvelles avez-vous d'Olivier Panis?
Il se rétablit bien et va maintenant poursuivre sa convalescence en France.

Avez-vous l'espoir de le voir reconduire sa voiture en course cette saison?
Il ne faut rien précipiter et je me refuse à tout pronostic. Je tiens avant tout à ce qu'il se rétablisse parfaitement avant de reprendre la compétition. Il participera peut-être aux deux derniers Grands Prix de la saison s'il se sent au point. Si ce n'est pas le cas, ce ne sera pas grave. Il n'a pas de souci à se faire. Il pourra se concentrer pour 1998. En tout cas, sa place dans l'équipe l'attend.

Propos recueillis par Jean-Paul RENVOIZÉ