ORANGE WORLD, 04.08.2006

Alain Prost:
"La course la plus déterminante"



Comme avant chaque Grand Prix, Alain Prost, quadruple champion du monde, nous livre son analyse avant le GP de Hongrie, ni plus ni moins le rendez-vous le plus déterminant de la saison pour un Fernando Alonso qui "a la pression".

Tout sembla facile pour Ferrari et Michael Schumacher à Hockenheim dimanche dernier…
C’est certain que ç’a été une course très facile, sans doute la plus facile depuis très longtemps pour la Scuderia. La seule incertitude, s’il y en avait une, c’était le fait que Räikkönen était en pole-position mais tout le monde savait pertinemment qu’il ferait un arrêt supplémentaire par rapport aux Ferrari. Donc la piste n’était pas dégagée en début de course mais Ferrari était très confiant concernant les performances de ses voitures et des pneus. La surprise, c’est bien entendu le fait que Renault et Alonso ne soient pas très en forme. On le pressentait un peu mais à ce point là… McLaren et Honda ont devancé les Renault, ce qui n’était pas arrivé depuis très longtemps, donc c’est une contre-performance qui doit être vite oubliée.

Si Alonso se déclare "serein", sa situation devient très préoccupante. Dans quel état d’esprit peut-il être ?
La situation d’Alonso est effectivement préoccupante car si l’avantage de points est toujours là, la menace devient sérieuse. Il y a quelques temps, quand certains disaient qu’Alonso n’avait qu’à finir deuxième derrière Schumacher à chaque course pour conserver son avantage de trente points et gagner le Championnat, je n’étais pas d’accord avec cette vision. Car, bien évidemment, ça ne se passe absolument jamais comme ça. Ce qu’il risque de se passer, c’est peut-être une nouvelle domination de Schumacher en Hongrie mais c’est un circuit tellement spécifique que beaucoup d’outsiders peuvent se mêler à la lutte en tête. Alonso pourrait donc aussi reprendre un peu le large et permettre à son équipe et Michelin de revenir après la trêve estivale avec des atouts supplémentaires pour la fin du Championnat. Mais en tout cas, psychologiquement, c’est certainement lui qui a la pression. Ferrari, dans la position du challenger, n’a rien à perdre avec en plus, actuellement, la voiture et les pneus les plus performants.

Renault a-t-il les moyens de réagir avec seulement une semaine entre Hockenheim et le GP de Hongrie ?
Ils n’ont pas les moyens techniques de réagir pour un Grand Prix de Hongrie très spécifique – je rappelle que Budapest, c’est un peu comme Monaco. Il faut qu’ils passent ce cap là avec le meilleur score possible et après ils auront peut-être les moyens techniques – en prenant peut-être quelques risques – de faire une fin de Championnat différente.

Honnêtement, à six courses de la fin du Championnat, vous pariez sur Schumacher ou Alonso ?
Ça fait déjà une course ou deux que je pense que ça va être très serré avec un petit avantage pour Schumacher. Maintenant, l’avantage de onze points, s’il n’est pas déterminant, est important. Mais si Schumacher ne fait pas de faux pas et gagne à Budapest, il aura toutes les chances d’être champion du monde. S’il y a un faux pas de "Schumi", la psychologie va jouer énormément dans cette fin de Championnat et là, je miserais plutôt sur Alonso. Je pense que c’est la course la plus déterminante du Championnat qui va avoir lieu dimanche à Budapest.



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