SPORT365.FR, 23.09.2009

Alain Prost: « Si je peux aider Renault… »


Entretien: Aurélien GAUDRIOT

Alain Prost a passé trois saisons au volant d'une Renault au début de sa carrière. Le quadruple champion du monde de Formule 1 est fortement pressenti pour retrouver l'écurie française après l'éviction de Briatore et Symonds. Et s'il ne nie pas son intérêt, il précise que rien n'est encore signé.

Alain Prost, revenons sur l'actualité du moment: les sanctions de Renault. Estimez-vous que ces sanctions soient justes et appropriées?
Justes, c'est difficile à dire, mais appropriées oui. Dans le sens, où les objectifs de le FIA étaient de pénaliser Flavio Briatore et Pat Symonds. Ça a été fait. D'une manière très dure mais tout à fait logique. Pour Renault, je pense qu'ils ont été très cléments. C'est approprié dans le sens où on a besoin de Renault en Formule 1. Après l'arrêt de Honda l'année dernière et de BMW à la fin de la saison, ça paraît approprié de vouloir garder un constructeur qui est là depuis des années. Et je pense vraiment que le management de Renault n'était vraiment pas au courant de ce genre de manœuvres, donc ça aurait été très dur de pénaliser Renault par rapport à ça. Mais ça aurait été tout à fait possible que l'écurie soit lourdement pénalisée.

L'image de Renault a été sérieusement entachée. Comment l'écurie peut-elle redorer son blason?
Je crois que l'image de Renault a été très durement touchée par cette affaire. Mais je crois qu'elle l'était au fil du temps car son image était véhiculée par une seule personne qui, à mon avis, n'avait pas grand-chose à faire là, pour représenter un grand constructeur automobile. Maintenant, je dirais qu'il faut tourner une page. C'est à eux de définir la stratégie employée tant sur le plan technique mais surtout de l'image que l'on veut donner à l'extérieur. Ils sont en pleine réflexion. Est-ce sûr qu'ils continueront à 100 %? Je le pense mais pour l'instant ce n'est pas clair. A mon avis, ce ne sera pas difficile de redorer l'image qu'ils avaient depuis plusieurs années à cause de Flavio Briatore.

Pour vous, Renault doit-il poursuivre en Formule 1?
Je pense que Renault devrait continuer car ils ont besoin de cet outil marketing formidable et besoin d'image.

Quelles relations entretenez vous avec Flavio Briatore? Et Pat Symonds? Êtes-vous déçu par leur comportement?
Avec Symonds, on se connaît depuis très longtemps, et il n'y pas forcément de relation. Avec Flavio Briatore, j'ai eu beaucoup de relations durant une période, jusqu'au moment où j'ai quitté la Formule 1. Et vu que Flavio Briatore n'a des relations qu'avec les gens soit qui lui amènent quelque chose soit qu'il veut contrôler. C'est quelqu'un de très fort dans ce domaine là. Je suis donc plutôt content de ne pas avoir de relation avec lui.

A vos débuts en F1, comment auriez-vous réagi à la place de Nelson Piquet Junior?
C'est une bonne question. A mes débuts en F1, ça n'aurait pas été possible. La grosse différence, qui est d'ailleurs un phénomène de société et que l'on retrouve beaucoup dans le sport aujourd'hui, c'est que les gens qui étaient impliqués à mon époque, qu'ils soient pilotes ou mécaniciens - il n'y avait pas de managers de pilotes - étaient tous passionnés. Ça ne pouvait pas arriver. C'est quand on voit des gens arriver de l'extérieur, qui sont plus attirés par l'argent et le business et qui n'ont aucun intérêt pour le sport en lui-même que commencent à arriver les problèmes. A mon époque, la question ne se serait pas posée. Je ne peux donc pas y répondre car cela me semble tout à fait inimaginable. Par contre, sans le disculper, je comprends très bien la position de Nelson Piquet Junior par rapport à la mainmise de Briatore sur tout le système. Et c'est vrai que c'est très difficile de supporter ça au quotidien.

Seriez-vous tenté par une expérience chez Renault en tant que directeur technique?
Ce ne serait de toute façon pas pour être directeur technique. C'est un rôle très spécifique. Il existe de vrais techniciens qui gèrent toute une équipe technique, et ce n'est pas du tout ce rôle qui m'intéresse. Je le dis et le répète, attendons de voir ce que Renault veut faire dans le futur. C'est une stratégie globale qu'il faut avoir. Et puis, on verra si des gens comme moi peuvent aider pour l'image de Renault. Indirectement, c'est important, car quand on fait de la F1, c'est pour l'image. Aujourd'hui, il n'y a pas de proposition concrète sur la table. Même s'il y a des discussions ou un intérêt, c'est bien trop loin pour vraiment dire que ça se fera. Ayant été à Renault depuis mes débuts en course automobile, tout ce qui s'est passé m'a beaucoup attristé et si on peut aider Renault d'une certaine façon, on le fera. De là à prendre la place de Flavio Briatore, ce n'est pas ce genre de place qui m'intéresse.

Quel poste vous intéresserait alors?
Ce serait plus en terme de conseiller. Avec un peu plus de hauteur. Là-dessus, il y a certainement des aides que l'on peut donner sans être autant au cœur de l'usine.



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