SPORT365.FR, 20.07.2007

Alain Prost : « Avantage pour Ferrari »



Interview: Jean-Moise DUBOURG

Avant le Grand Prix d’Europe et après le doublé de Kimi Räikkönen, Alain Prost estime que le championnat est entièrement relancé. Pour la deuxième partie de la saison, il évoque une légère domination de la Scuderia.

Deux victoires consécutives pour Kimi Räikkönen. On a senti un peu de Schumacher dans sa domination sur deux courses successives…
Räikkönen prend peu à peu la mesure de sa monoplace, de l’écurie et même un peu de son équipier. Il ne faut pas oublier que Massa était très compétitif en France mais qu’il a été bloqué dans le trafic. Puis en Angleterre, il cale et part dernier sur la grille alors qu’il était très véloce. D’ailleurs, cela aurait pu donner lieu à un nouveau doublé Ferrari à Silverstone. A l’heure actuelle, tout évolue bien pour les quatre pilotes. Ils sont tous compétitifs. Il faut saisir la bonne opportunité au bon moment, faire la bonne stratégie en qualification. On voit que celui qui embarque le moins d’essence n’est pas forcément le plus avantagé en course. On l’a vu avec Hamilton dimanche dernier. C’est donc assez complexe avec quatre pilotes qui se battent pour le championnat dans les deux meilleures équipes. Il faut bien prendre une décision dans une stratégie un peu décalée pour l’un ou pour l’autre. Cela a souri à Räikkönen, et peut-être qu’à l’avenir ce sera différent. En tout cas, il est moins pénalisé qu’en début de saison en terme de compétitivité par rapport à son coéquipier Massa.

A-t-il changé d’attitude par rapport au début de saison, où il avait l’air un peu dépassé et amorphe?
C’est difficile de savoir ce qui se passe dans la peau d’un pilote, mais ce qui est sûr c’est qu’après la victoire inattendue de Massa au premier Grand Prix, il s’est trouvé un peu en retrait. Et du fait de son caractère, son style, il fallait que tout ça mûrisse. Son adaptation à ce style de travail est finalement allée assez vite . Le fait d’avoir gagné deux courses coup sur coup va le libérer. Il ne va pas pour autant être plus expansif et volubile, mais il va être plus confiant et son équipe va travailler de manière plus proche avec lui. Ils ont fait des essais un peu avant le Grand Prix de France, où le développement de la voiture a eu l’air de bien se passer et la voiture en est plus compétitive, et ça a aussi du lui redonner confiance.

Est-ce qu’on peut dire que Lewis Hamilton a bien résisté à la pression?
Il répond présent encore une fois parce qu’il fait la pole position, et qu’il est en-tête de la course. Ensuite, comme il a un peu moins d’essence, il perd la tête parce qu’il est pénalisé au ravitaillement. Il assure en suite sa place en voyant que Räikkönen et Alonso sont intouchables pour les deux premières places. Maintenant la deuxième partie de saison est lancée et tout est possible. Cela dépend du développement des voitures et de la position psychologique dans les deux ou trois prochains Grands Prix. Les écuries feront peut-être elles-même le choix d’un leader. C’est quelque chose d’important mais, pour l’instant, c’est trop tôt.

Hamilton ne gère-t-il pas déjà son avance?
Je ne sais pas mais, quoiqu’il en soit, c’est la bonne attitude à adopter en course lorsque l’on voit que l’on ne peut pas aller chercher celui qui est devant soi. Compte tenu de son avance sur Alonso, est-ce qu’il va gérer pour que l’équipe le désigne comme le numéro 1 pour la conquête du titre de meilleur pilote? C’est possible.

Les erreurs d’Alonso sont-elles inquiétantes?
Alonso est un peu comme Räikkönen. La rapidité est là, le talent aussi, mais il faut aussi utiliser au mieux le matériel qu’on a entre les mains, avoir la meilleure attitude possible par rapport à l’équipe. On a vu sur le podium qu'il était content d’être devant Hamilton et pas déçu d’être derrière Räikkönen, ce qui montre qu’aujourd’hui son coéquipier est son adversaire numéro 1, ce qui n’est pas toujours très bien dans l’optique du championnat. C’est ce genre d’attitude qui peut servir l’équipe adverse. Aujourd’hui, Alonso reste l’un des favoris pour le titre. Beaucoup de gens pensent que la position d’Hamilton est fragile mais, pour le moment, c’est lui qui tire le mieux les marrons du feu. C’est lui le plus solide, puisqu’il en est tout de même à neuf podiums en neuf courses.

Après la première moitié de la saison, quel est votre favori?
Très objectivement je ne sais pas sur qui miser. Je le ferais un peu plus sur Hamilton parce qu’il a une dizaine de points d’avance et que c’est un avantage déjà acquis. A part ça, je dirais que Ferrari me semble avantagé pour les circuits qu’ils aborderont après le Nürbürgring. Sur ces pistes rapides, avec des voitures un peu typées, des empattements longs, des virages rapides et des lignes droites, la Scuderia devrait être avantagée. Après, savoir si ça va profiter à Massa ou Räikkönen, même si le Finlandais est mieux psychologiquement, je ne mettrais pas d’argent sur l’un ou l’autre des pilotes.

Pour le Grand Prix d’Europe : McLaren ou Ferrari?
McLaren devrait développer quelques nouvelles choses. De toute façon, le développement dans les quatre meilleures équipes se fait continuellement. Il peut y avoir deux ou trois courses où on ne change rien puis ensuite mettre en place un développement un peu plus important. Pour l’instant c’est très serré, avec un petit avantage pour Ferrari. Mais sur le Nürbürgring, je pense que McLaren peut revenir en force. Et c’est tout l’intérêt de ce championnat qui peut évoluer d’une course à l’autre.



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