Interview: Jean-Moise DUBOURG

Avant le Grand Prix de Hongrie, pas de doute pour Alain Prost: Hamilton et McLaren sont les grands favoris. Dans le même temps, le quadruple champion du monde estime qu’un nouveau mauvais résultat plongerait Ferrari dans la crise.

Alain Prost, l’écart semble se creuser entre McLaren-Mercedes et Ferrari après la nouvelle démonstration d’Hamilton à Hockenheim. Partagez-vous cet avis?
C’est difficile de dire que l’écart se creuse. On sentait bien depuis deux Grands Prix que McLaren avait l’air de revenir un petit peu et semblait même un peu plus performant que Ferrari sur des circuits, d’ailleurs, où on les attendait un peu moins. Mais, il faut surtout noter la performance d’Hamilton. Il est plus agressif, on a l’impression qu’il exploite au mieux la voiture alors que Kovalainen, en début de saison, pouvait presque faire jeu égal. Aujourd’hui, Hamilton a pris le dessus et, par ce biais, McLaren en fait de même sur Ferrari. La Scuderia, qui rencontre des soucis de gestion des pneus, semble marquer le pas et c’est un peu étonnant car c’est une période où les qualités de la Ferrari devraient être plus mises en exergue. C’est complexe et ça risque d’être perturbant pour Ferrari en Hongrie.

Est-ce la crise chez Ferrari?
Je ne sais pas si on peut parler de crise mais les membres de Ferrari semblaient sonnés après Hockenheim. Ce qui est très complexe dans ce genre de situation, c’est de ne pas comprendre pourquoi ça va moins bien. Ils s’attendaient à être plus performants à Silverstone ou Hockenheim et ils n’ont pas vraiment compris. Que McLaren soit compétitif, c’est un fait. Mais que Ferrari perde pied, ça semble un peu bizarre. En termes de managment, de gestion des difficultés et de gestion des pilotes. Ce n’est pas la crise mais il ne faudrait pas que ça continue trop longtemps. A ce titre, ce Grand Prix de Hongrie sera décisif pour Ferrari parce que si la Scuderia se retrouve encore dominée par McLaren voire, sur ce circuit atypique, par d’autres écuries (BMW-Sauber, Renault), cela pourrait révéler un début de crise. Ce serait une première pour la nouvelle équipe dirigeante.

De son côté, Hamilton paraît particulièrement fort depuis deux courses. Pourquoi?
Je pense qu’il a connu un début de saison difficile mais ce n’est pas anormal. Pour deux raisons: d’abord, la McLaren était un peu moins compétitive que celle de l’an dernier; et puis l’hiver a du être un peu difficile après la perte d’un titre mondial qui lui semblait promis dès sa première saison en F1. Il y a aussi eu les polémiques avec Alonso et Hamilton a été désigné favori n°1, une position pas facile à assumer. Depuis, il y a eu des bons résultats, des moins bons et des grosses bévues de sa part. Mais il a bénéficié aussi une ou deux fois, notamment à Monaco où il a commis une petite bourde, de la chance qui sourit généralement aux champions, aux attaquants. Je pense qu’il est maintenant lancé dans une spirale d’optimisme du fait de la nouvelle compétitivité de sa voiture. Ça lui donne des ailes et il voit bien que Ferrari marque le pas. Mais attention, s’il est porté sur l’attaque, Hamilton n’est du coup pas à l’abri d’une bévue. Pour l’instant, son esprit offensif et sa prise de risques paient mais sur des circuits tels que la Hongrie, il faudra peut-être aussi assurer.

Vainqueur l’an dernier sur le Hungaroring, Hamilton sera de nouveau le grand favori ce week-end à Budapest…
Pour moi, la Hongrie est un circuit qui va parfaitement bien à Hamilton et McLaren. Normalement, s’il y a vraiment une course où on peut désigner comme favori indiscutable un binôme pilote-voiture, c’est en Hongrie avec Hamilton et McLaren. On va voir s’il nous fait mentir ou pas, mais sans erreur de sa part il devrait dominer ce Grand Prix.