ORANGE WORLD, 27.07.2006

Alain Prost:
"Laisser passer l’orage"



Comme avant chaque Grand Prix, Alain Prost, quadruple champion du monde, nous livre son analyse à la veille du rendez-vous d'Hockenheim. Selon lui, Alonso et Renault, inquiétés par Ferrari, doivent rester sereins. En attendant des jours meilleurs.

Après le GP des Etats-Unis, Renault a de nouveau été battu il y a deux semaines par Ferrari. Mais à domicile, le coup est rude pour l’écurie française.
Oui, c’est un peu dur pour Renault parce que gagner son Grand Prix c’est toujours quelque chose de formidable. Après Indianapolis, Alonso l’avait d’ailleurs annoncé en déclarant que Renault prendrait sa revanche en France. Bon, le Championnat est long et on ne gagne pas toujours les courses que l’on veut. C’est vrai que c’était une motivation supplémentaire mais il faut reconnaître que c’est la deuxième course que Michael Schumacher, Ferrari et Bridgestone dominent. Ils ont été irréprochables donc il n’y avait pas grand-chose à faire sur cette course là pour Renault.

Qu’est-ce qui fait la supériorité de Ferrari depuis deux courses ? Pourquoi, d’un coup, ça marche aussi fort pour la Scuderia ?
Je pense que l’équipe entière est responsable, mais c’est aussi dû à un ensemble de petites choses, de petites améliorations apportées à la voiture de Schumacher. La majeure partie des progrès vient certainement des pneus. Quand on voit la Toyota (NDLR : également chaussée de gommes Bridgestone), qui ne marchait pas lors des derniers Grands Prix, elle a également progressé, aussi bien aux Etats-Unis qu’en France. C’est un signe. Je ne pense pas que ce soit dû à une erreur ou à un problème de Renault. On ne peut pas non plus incriminer Michelin puisque le manufacturier français a gagné beaucoup de courses, plus que Bridgestone d’ailleurs. C’est souvent comme ça au cours d’une saison : il suffit que les autres progressent et que Michelin ait un peu moins de développements dans les cartons depuis le début de l’année. Ça peut faire la différence.

Est-ce que la saison est en train de basculer ?
Ce que l’on peut dire aujourd’hui, c’est que le Championnat n’est pas joué. On pensait à une domination outrancière de Renault et Alonso en début d’année ; on voyait bien qu’il pouvait cependant se passer quelque chose. Pour avoir parlé un peu aux gens de Ferrari, ils étaient étonnamment confiants depuis trois ou quatre courses. Même quand ils finissaient deuxièmes, ils disaient : « C’est bien, on a fini deuxièmes. Tant qu’on n’est pas plus loin, on préserve nos chances. » Je présume qu’ils savaient que Bridgestone allait apporter de nouveaux développements ; que eux-mêmes en avaient qui leur donneraient confiance. Maintenant 17 points de retard, c’est beaucoup. Mais on a, d’un côté, une écurie et un pilote qui doivent gérer et qui restent sur deux défaites (Renault) ; de l’autre Ferrari et Schumacher qui n’ont rien à perdre et qui attaquent à outrance. C’est une situation assez confortable pour quelqu’un qui a été sept fois champion du monde…

Vous nous aviez dit avant le Grand Prix de France qu’Alonso devrait sans doute franchir un cap de deux ou trois courses difficiles, c’est cas avant ce Grand Prix d’Allemagne.
Oui, parce qu’on voyait ce qui pouvait éventuellement se passer. Ce qu’il faut éviter pour Alonso, c’est de faire une course sans point. La course sans point serait catastrophique parce qu’il tomberait dans un processus psychologique très difficile. Tant qu’il est deuxième et marque des points, ça va. D’autant qu’il pourrait y avoir un autre retournement de situation, cette fois à l’avantage de Renault. Pour l’instant, il faut laisser passer l’orage, ne pas faire d’erreurs et marquer des points partout.



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