FFSA.ORG, 14.11.2005

TROPHÉE ANDROS - INTERVIEW
Alain Prost: "Je ne suis pas blasé"


Deux saisons supplémentaires avec Toyota, de nouvelles envies de circuits la saison prochaine. Le Quadruple Champion du Monde vit sa cinquantaine pied au plancher, avec un enthousiasme de jeune homme.

Au terme du Trophée Andros 2005, vous décidez de continuer, mais de vous organiser différemment?
Je participe au Trophée Andros parce que cela me procure du plaisir, j’aime ce challenge parce qu’il est difficile, mais j’ai besoin de me sentir bien dans mon équipe. C’est plus important que le fait que je gagne ou non. Or, je n’étais pas toujours complètement satisfait, je n’adhérais pas forcément à tous les choix, techniques notamment, effectués la saison passée.

Qu’avez-vous décidé alors?
Avec Toyota France, nous avons étudié quelle serait la meilleure manière de procéder, en tenant compte du désir d’Olivier Panis de nous rejoindre, ce qui impliquait forcément une structure différente. Deux autos, c’est bien d’un côté, parce que cela permet de doubler les sources d’information par rapport au comportement de la voiture, mais cela représente aussi un effort plus important en terme de budget. En accord avec Michel Gardel, je me suis donc davantage impliqué. Il y avait deux solutions possibles, et c’est finalement vers Tork Engineering et Richard Tur que nous sommes dirigés.

Avec un cahier des charges précis?
Je sais qui est Richard Tur, je connais ses compétences. C’est un ingénieur qui possède de nombreux succès à son actif, il connaît parfaitement le cahier des charges. Il n’y avait donc pas à lui dire ce qu’il fallait faire, mais simplement à lui transmettre quelques données spécifiques, pour qu’il tienne compte de mon style de pilotage notamment.

Pour aboutir à cette nouvelle Toyota Corolla…
Nouvelle, oui, mais elle n’aura rien de révolutionnaire. Nous avons cherché à éliminer ce qui m’avait gêné la saison passée. La version ‘glace’ 2005 était trop ‘pointue’. Son comportement changeait, selon que la piste était plus ou moins bosselée, ou que l’état du sol se dégradait. Or, la spécificité de l’Andros, c’est précisément ces conditions qui varient plusieurs fois dans la même journée. Nous avons donc cherché à construire une voiture au comportement constant, très exploitable, sur laquelle nous pourrons affiner les réglages par petites touches. J’attends aussi beaucoup du développement par Sodemo du moteur Lexus, semblable au précédant. Ce moteur a beaucoup de qualités, un poids très intéressant notamment.

Qu’avez-vous appris en deux saisons de Trophée Andros?
D’une course à l’autre, rien ne se déroule jamais de la même façon! Tout ce que l’on vit, c’est de l’expérience en plus. Même Yvan Muller en apprend tous les jours. En outre, chaque année, les voitures évoluent, cet hiver nous allons disposer de nouveaux pneumatiques. Nous n’aurons plus droit qu’à 6 pneus pour les deux courses du week-end contre huit l’an dernier. Il faudra composer avec ce nouveau paramètre.

Comment jugez-vous l’arrivée d’Olivier Panis?
C’est super d’accueillir Olivier dans notre équipe! Je trouve fantastique qu’un pilote F1, encore en activité la saison dernière, et toujours essayeur chez Toyota en 2006, nous rejoigne dans le Trophée Andros. C’est vrai, il va devoir apprendre. Mais il n’a pas la pression, et il bénéficiera des précieux conseils de Bertrand Balas, son coéquipier, qui possède une grosse expérience de ce type d’épreuve. Olivier fait preuve depuis longtemps d’un énorme enthousiasme pour la glisse, c’est bien, c’est ce qu’il faut si l’on veut réussir dans cette spécialité.

Vous avez déclaré que vous ne quitteriez pas le Trophée Andros avant d’avoir gagné au moins un championnat?
…A moins qu’à 70 ans je n’y sois toujours pas parvenu! C’était un peu une boutade, mais je serais vraiment très déçu si je n’y arrivais pas. Sérieusement, j’espère bien en gagner au moins un au cours des deux années qui viennent!

Depuis votre retour au volant en janvier 2003, vous semblez parti pour une autre carrière?
Vu de l’extérieur, cela peut être interprété ainsi. En réalité, je ne pensais pas m’amuser autant en pilotant sur la glace ou en GT. Je profite de certaines opportunités, je ne suis pas du tout blasé. Je suis assez sollicité, je n’ai qu’à lever le doigt! Mais je ne veux pas m’embarquer à la légère, je souhaite que tout soit bien organisé, à l’image de notre nouvelle démarche avec Toyota dans le Trophée Andros. J’attends aussi de savoir quel sera le programme de mon fils Nicolas, avec lequel j’ai partagé deux fois le volant en fin de saison, une expérience qui m’a comblé de joie.

Participerez-vous au GP Masters Series, avec les anciens pilotes de F1?
La première course va se dérouler le 13 novembre en Afrique du Sud. Comme vous vous en doutez, mon objectif, à cette époque de l’année, c’est le Trophée Andros. C’est également très important pour Toyota. Je me bornerai donc à observer ce qui s’y passe, pour voir si je peux envisager de participer à une ou plusieurs épreuves, au printemps prochain.

Toujours en forme à 50 ans?
Ca va, je suis pas mal occupé, je n’ai pas trop le temps d’y réfléchir. Physiquement, je suis en forme. Bon, on sait tous qu’avec le temps, on ne fait plus les choses de la même manière, il faut s’adapter à ses capacités, c’est comme çà, mais il faut aussi s’efforcer de repousser au maximum cette évolution.

Vous êtes très actif…
Mes affaires personnelles et mes divers contrats me prennent beaucoup de temps, ce qui implique de nombreux voyages. J’ai une vie bien remplie!

Par quoi êtes vous agacé aujourd’hui?
Par pas mal de choses… Mais c’est très bien comme cela. C’est quand rien ne m’énervera plus que je devrai commencer à m’inquiéter sérieusement.

Et ce qu’appréciez le plus?
La vie, la santé, mes enfants, de ne pas avoir de problème majeur. A la réflexion, oui, le plus important, c’est la santé, car j’ai vécu trop de moments douloureux au sein de ma famille…

Communiqué de presse Toyota



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